Aujourd’hui, c’est une journée hold-up ; mais ça on ne le savait pas en partant. On vise le Bunderspitz, dans les Alpes Bernoises. Un sommet de 2546m que l’on a déjà tenté 2 fois l’année dernière mais rapidement abandonné faute de neige. Cette fois ci, avec les chutes récente on y croit. Et bien visiblement il n’est pas tant tombé ici ! Il y a bien une belle couche de poudreuse, mais aucune sous-couche. On y va quand même, on avisera pour la descente. Il neige, l’ambiance est magnifique. D’abord dans des prairies, puis sur une route enneigée, que l’on suit un bon moment jusqu’à sortir de la forêt. On arrive alors sur des pâturages. On espère passer au-dessus des nuages, le plafond n’est pas annoncé très haut sur la météo. Même sans soleil, nous sommes bien. Seuls au monde, les skis glissent sans un bruit dans la neige immaculée, la neige tombe lentement autour de nous, sans vent, c’est paisible.
Nous attaquons la montée des pâturages, l’herbe n’est pas loin. On passe a côté de plusieurs chalets inhabités en cette saison ; en Suisse il y a des constructions de partout. Quelques centaines de mètres plus haut, on troque la prairie pour un pierrier. Le skis croquent sur les cailloux, ce n’est pas tant un problème pour la montée avec les peaux et l’absence de choc, mais a la descente ça sera plus délicat. On repère un autre itinéraire qui évite ce pierrier, on passera par là au retour ; on continue. On suit désormais des traces du jour, un groupe est passé par là. On est en plein brouillard, la visibilité est très faible, on voit a peine les traces de nos prédécesseurs dans la neige. Peu avant d’arriver sur un replat, le Bunderchumi, on voit finalement apparaitre devant nous une imposante falaise, surplombée de ciel bleu. Passerait-on finalement au-dessus des nuages ? Espoir de courte durée, le ciel est rapidement masqué, la suite est encore bien encombrée. Nous gagnons au moins en visibilité pour l’instant, le cirque dans lequel nous sommes est impressionnant.
Nous obliquons plein sud sur un itinéraire dré dans l’pentu au plus direct, avec le faible enneigement le risque d’avalanche est minime. On arrive à un col sous la crête sommitale, toujours dans la crasse. Manon a mal à un tibia depuis un petit moment à cause d’une chaussure mal serrée ; je propose qu’on en reste là, mais comme il ne reste que 135m, elle insiste pour continuer jusqu’au sommet. Quelle bonne décision ! Après une cinquantaine de mètre, nous voyons une boule lumineuse apparaitre au milieu des nuages, puis encore quelques dizaines de mètres pour passer au-dessus du brouillard… Wahou, nous sommes sur une ile au milieu d’une mer de nuage qui s’étend à perte de vue. En dépasse également les hauts sommes avoisinants, dont l’imposante chaine des Loner derrière nous, des plus imposantes. Nous nous sentons si petit et fragile par rapport à ces géants. D’autant plus que si nous restons dans des pentes moyennement pentues (30° max), en dessous ça se raidie avant de disparaitre dans la brume, ça ne donne pas envi de glisser. La neige a été soufflée par le vent, nous évoluons a travers les touffes d’herbe et les cailloux, ce qui complexifie la progression. A notre droite d’imposantes corniches. L’ensemble est très impressionnant pour sûr, Manon aura très bien géré son mental pour avancer, aidée il faut le dire de son Joris attentionné.On laisse les skis juste sous le sommet et on franchi les 5 derniers mètres a pied, sur un terrain qui demande de l’attention, n’ayant pas pris les crampons. C’est bon, on y est !
Quel paysage à couper le souffle ! On sort les appareils photos et on mitraille, sans oublier d’en profiter avec nos yeux évidemment. Il fait froid, mais il n’y a pas de vent et les rayons du soleil nous réchauffe. Il est 16h15, les couleurs du soir apparaissent progressivement. Le coucher du soleil est à 17h15 et nous voulons éviter de nous retrouver dans les parties délicates de nuit, On ne peut malheureusement pas rester aussi longtemps qu’on le voudrait. Enfin, cela ne gène pas tant Manon, encore sous la pression de la montée et un poil stressée par la descente. On passera quand même 30 minutes au sommet.
La descente se passe bien, tranquillement, à slalomer au mieux entre les cailloux ; on sert les dent quand ça croque parfois sous les skis. On retrouve un terrain sécurisant (non exposé) au moment de retrouver le brouillard. On reste un peu de temps à profiter une dernière fois du soleil et des merveilles de la nature, puis nous retrouvons le col. Les 300m de descente en dessous sont excellent, la neige est poudreuse et légère, il n’y a pas de cailloux, on s’en donne à cœur joie. Après le replat, c’est plus délicat… Le vent a uniformisé la hauteur de neige, on ne sait pas si on va s’enfoncer de 50cm dans la poudreuse ou prendre un cailloux affleurant… C’est un carnage, on descend en escalier et en petit virages, jusqu’à retrouver une zone moins caillouteuse un peu plus bas, ou ca croque encore, mais moins violement. Mes pauvres skis était pas vieux… On retrouve une chemin de 4×4, qui se transforme plus bas en route, que l’on suivra tout du long. Ce n’est pas de la grande descente, mais c’est tout de même un vrai plaisir de glisser sur la neige fraiche, sans craindre de casser ses skis à chaque virage. On s’offre même plusieurs descentes à travers les prairies pour couper les lacets. Pas de sous couche, mais pas de cailloux, tout va bien ! On retrouve la voiture tout juste avant la nuit, après 1h40 de descente… On fait le bilan, les semelles et les carres sont bien rayées, mais pas d’accroc profond, rien de grave, on a bien géré.
Une journée que l’on peut qualifier de hold up : Pas beaucoup de neige, dans le brouillard… Et finalement nous avons profité de l’un des panorama les plus beaux de notre vie, de virages en poudreuse d’exception et d’une ambiance montagne impressionnante. Cela valait bien un peu de persévérance et quelques rayures sur les skis.
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