Tour des Cerces

Récit en images de 4 jours loin de la frénésie du monde réel, seuls au milieu d’étendues figées par le froid, sans trace si ce n’est celles du travail du vent sur la neige. Seul mais en bonne compagnie tout de même, avec l’ami Pilou. Contrairement à notre habitude, plutôt que d’aller chercher la verticalité et la difficulté, pour ce séjour le maitre mot est le plaisir, sans pression. Profiter d’une bonne neige, d’un copain et d’un cadre exceptionnel. Et on n’a pas été déçu ! Un soleil au beau fixe, des paysages grandioses, une neige parfois capricieuse mais le plus souvent excellente, de belles bambées sur du faux plat mais aussi quelques ascensions plus raide tel que le couloir NE de Roche Château ou la face nord des Cerces. Des descentes d’anthologie également, dans ce même couloir de Roche Château, en face sud des Cerces et surtout la première de la saison de la face W de la Pointe de Terre Rouge ; on s’en souviendra de celle-là ! Un départ à 3080m pour 450m de neige poudreuse à souhait, face au massif des Grandes Rousses. Le gardien qui nous avait repéré depuis le bas nous jalousait à notre arrivée.

On se souviendra également de notre travail de mineur ; le couloir d’accès au plateau nord des Cerces étant barrée par un énorme rocher – normalement recouvert par la neige plus tard en saison – nous avons dû creuser un tunnel de 4m dans une neige bien tassée pour passer par-dessous. On y aura tout de même passé 1h30 ; on aura fini trempé, les vêtements gelés, les gants durs comme la pierre dans cette face nord qui ne voit pas le soleil. Le climat sec des Alpes du Sud nous a toutefois donné un bon coup de pouce, en 30 minutes toute la glace avait sublimée ! Dans l’absolu on aurait pu passer par au-dessus (quelques mètres en M3), mais sans matériel, avec nos gros sacs et dans l’incertitude de devoir passer ou non par là à la descente, on a été raisonnable. Dans la vie, il y a deux types de personnes ; ceux qui engagent et ceux qui creuse. Ce jour-là, nous avons creusé. On aura également parcouru ski au pied plusieurs petites arêtes esthétiques et ludiques, entre neige béton et rochers.

Je pense aussi à nos questionnements sur la sécurité et notamment la stabilité du manteau neigeux, nos coupes de neige, nos analyses d’un BERA pas évident, souvent à la limite entre le GO / NO GO. Ce couloir à presque 40° en face NE que nous avons jugé suffisamment stable, cette face sud jusqu’à 45° a la décaille rassurante. Et a contrario d’autres pentes dépassant à peine les 30° que nous avons contournées. Dans un autre registre, ce vent que nous n’avions pas vu venir, qui nous a gelé au départ du troisième jour et gentiment secoué la ruche sur les hauteurs. Les deux premières nuits en refuges gardés, l’unique moment où nous voyions du monde, où nous avons profité d’un bon repas et d’une agréable chaleur après une journée dans le froid. Ce dernier soir en refuge non gardé, sans poêle, déjà à l’ombre en arrivant et l’expérimentation du séchage de chausson a même le réchaud. Heureusement qu’on n’avait pas lésiné sur la nourriture, on s’offrira au moins un petit festin, avant de nous glisser sous une énorme pile de couvertures, par -5°.

Au total, 55km et 5800m de dénivelé, ce n’est pas tant en 4 jours mais en traçant la poudreuse, en affrontant le vent, le froid, avec la recherche d’itinéraires, les passages techniques, le travail de tunnelier… Ça fait quand même de belles journées !

Notre itinéraire :

J1 : départ du Mônetier-Les-Bains, montée au cagnard en face sud au Chardonnet, descente par l’arête N puis bascule en face NE au point 2664m, descente en vallée de la Clarée et montée au Refuge de Ricou

J2 : de Ricou, contournement de la Crête de la Cula, montée plutôt à l’ouest de la Crête des Muandes pour la gestion du risque avalanche pour déboucher au sommet 2899m. Le Rocher de la Grande Tempête est trop long à rejoindre depuis là. Descente directe en face nord, puis montée à la Roche du Chardonnet. Descente de l’arête ENE, puis bascule côté Valmeinier par le col éponyme. Montée a la Pointe de Terre Rouge par la face Sud puis descente en face Est jusqu’au refuge de Terre Rouge

J3 : Montée au couloir NE de Roche Château, bien visible depuis le refuge. Descente par ce même couloir, remontée à la pointe de la Pissine en contournant la face Est par le sud (on débouche sur l’arête SE par un passage évident), on suit ensuite l’arête jusqu’au sommet. Descente face sud et montée pour la deuxième de Roche Château en face Ouest que l’on descend en face Sud jusqu’au refuge de la Glacière (pardon, des Drayères)

J4 : Col des Cerces par le seuil des Rochilles, traversée pour prendre pied dans la face Nord de la Pointe des Cerces (qui est plutôt carrément Ouest à sa base), descente en face Sud, montée au col des Béraudes et longue descente vers le Pont de l’Alpe. On rejoint facilement Mônetier en stop (possible en skating en fond de vallée pour les motivés). Pause aux Bains du Mônetier conseillé avant de reprendre la route !



Commentaires

Une réponse à “Tour des Cerces”

  1. Avatar de Françoué
    Françoué

    Super photos comme dab et bravo pour le chorum des Cerces🤣

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