Une belle journée avec l’ami Mat. Ça a bien commencé avec une montée au refuge du Plan de l’Aiguille mercredi soir qu’on estimait à 2h – 2h30 et qui nous a finalement prit 3h30. La trace suit le chemin d’été avec multiples déchaussages, puis « raccourci » à travers la forêt dense et les ravins, puis bosses de pistes noires de station sur neige béton dans une trouée de forêt par les multiples passages à la descente et enfin à la sortie de la forêt, neige complètement béton, matée par le vent, jusqu’au refuge. Que du bonheur !
On arrive au refuge un peu avant 21h, devant une vue plongeante sur les lumières de Chamonix, qui paraissent si proches mais qui sont tout de même 1200m en contrebas. On est seul, le refuge est austère et sans chauffage, mais en entrant on a l’impression qu’il fait chaud. Bon, il fait -5° à l’intérieur, mais c’est toujours mieux qu’à l’extérieur !
Nuit au chaud sous l’ensemble des couvertures du refuge, pour un levé 4h45. On prend de la marge pour arriver avant les cordées venant de la première benne du téléphérique. Départ 5h40, rapidement stoppé par la casse d’une fixation de Mat. Lui qui voulait emmener ses vieux skis jusqu’au bout, c’est réussi ! Il essaie de rafistoler à la cordelette, mais c’est peine perdue. Il continue en crampon, on verra ensuite pour la descente. L’approche est en pente déversante sur neige béton, encore un bonheur. Mat n’est pas si mal que ça en crampons finalement. Je finis même par mettre les couteaux, c’est dire ! On franchi la première rimaye et on passe en mode grimpe. Une première partie en pente de neige couic qui déroule, un premier passage en mixte facile puis re pente de neige avant d’arriver au crux : une dalle de glace de 40m à 85°. On tire à pile ou face, malheureusement je perds donc je dois laisser Mat passer en tête. Ah euh non, en vérité je ne lui laisse pas tellement le choix de partir devant 😉. Une belle grimpe sur crochetage, avec des passages en glace creuse qui demandent de la finesse. La raideur, la longueur et le froid (- 15°C) auront raison de mes mains et rapidement après de mes avant bras. Bien content d’être en second, je rejoins Mat bien fumé comme un saumon. Pour lui qui a une bonne marge technique ça n’a pas posé de problème. Je pars en tête pour une petite longueur de glace plus facile, puis Mat reprend la tête pour terminer les difficultés en corde tendue. Ne reste plus que 150m de neige, qui déroule assez rapidement. « De l’ombre à la lumière », on débouche à 13h plein soleil au milieu de l’arête Midi – Plan. Quel bonheur de revoir le soleil, même si on y trouve également un fort vent froid… On aura été assez rapide, 4h20 dans la goulotte.
Le plan de base était de redescendre directement en ski par le raide glacier de l’Envers du Plan et d’enchainer avec la Brèche Puiseux si on a encore la forme, mais avec le ski cassé de Mat, on préfère rejoindre la vallée blanche classique, plus facile, pour éventuellement la descendre, on verra sur place. On s’offre donc en prime une bonne moitié de la belle arête « Plan – Midi », facile mais par endroits effilée, balayée par un vent qui nous demande parfois de nous agenouiller, une belle ambiance ! On y croisera « Mono Man », un mec complètement fracky qui descendait pleine balle entre les barres rocheuses en mono ski et avec une cape fouettée par le vent. Il s’arrête à notre niveau, on lui demande le pourquoi de cette cape : « mes copains m’appellent Mono Man, alors je dois la porter ». Puis il repart aussi sec, tout droit à travers le glacier. Une rencontre étonnante !
On arrive péniblement au départ de la Vallée Blanche, on commence à être épuisé. On abandonne l’idée que Mat descende sur un ski, je ne prends pas non plus le risque de descendre seule, a cette période les glaciers sont encore bien ouvert, je ne connais pas spécialement le chemin et je déjà bien claqué comme un saucisson sec. L’ascension finale pour prendre le téléphérique de l’Aiguille du midi est laborieuse, on avance à un rythme d’escargot. Tant pis pour la vallée blanche, on reviendra ! On aura fait l’inverse de tout le monde, ascension jusqu’à l’Aiguille du midi par nos propres moyens, les skis sur le dos qui nous auront compliqués la tâche, tout ça pour redescendre en cabine 😂. Mathias a fait un grand laïus au mec de la remontée pour qu’on descende sans payer, un discours à faire sortir la larme de l’œil, tout ça pour que le mec demande : « mais tu veux quoi en fait ? – Descendre ! – Ah ba OK pas de problème ». Mat, tu aurais pu commencer par là 😂. Descente facile par le téléphérique, au milieu des badauds en veste à fourrure et talon ; c’est dingue de passer en 30 minutes de l’inconfort du froid, du vent, de la fatigue à 3800m, à la ville à 1000m
Pour une première course ensemble, on a mis la barre haute ! Merci pour la sortie et n’oublie pas que tu me dois une descente de 2800m en ski 😉
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