Neige, brouillard, vent et froid, tout semble réuni pour une bonne journée en montagne ! Bon, même si les éléments semblaient eux aussi vouloir nous confiner, nous les avons bravés avec Geof pour une journée goulotte à Chamrousse.
Après avoir réussi à monter au parking avec le camion de Geof sur la route enneigée, nous marchons une quarantaine de minutes pour atteindre le départ de notre premier objectif, une goulotte de 200m du nom de « Passage à l’Acte ». Geof part en tête, il s’engage dans un raide couloir encaissé, puis sort rapidement de ma vue. Je le suis à mon tour et prend la tête pour la suite ; la 3ème longueur est très agréable, on commence sur un mur mêlant herbe et glace où les pointes d’acier des crampons et piolets accrochent très bien. S’en suis un court passage à 90° sur un cigare de glace, impressionnant mais pas si dur, puis une pente de neige. Les conditions sont très bonnes si on exclut la météo et les 20 à 30cm de neige qui recouvre l’itinéraire par endroit. Si la faible épaisseur de glace ne permet pas de s’assurer avec des broches à glace, les arbres par ci et par là font de très bons pins d’ancrage.
La météo n’est pas si pire, les nuages sont plus ou moins sombres et quelques chutes de neige ponctuent la montée. Geof repasse devant, il monte un couloir de neige, puis arrive aux dernières difficultés, un mur mixte en roche et glace qui lui demande un peu de réflexion mais qu’il fini par gravir. Ne reste plus que des pentes de neige pour atteindre le sommet ; nous avançons avec précaution pour éviter de se faire prendre dans une des nombreuses plaques a vent qui s’accumulent sous nos yeux ; disons qu’on essaie au moins que la corde puisse nous retenir en cas de problème. La météo change, un vent de 50 km/h s’est levé, les chutes de neiges s’intensifient et le brouillard nous entoure.
Le sommet – La Croix de Chamrousse – est atteint sans encombre et nous entamons la descente dans la purée de pois – heureusement Geof était déjà là la veille et se souvient bien du chemin. Nous faisons face au vent durant la descente ce qui nous glace le visage ; la température ressentie est d’environ -14°C. Mais il est encore assez tôt, nous décidons de nous engager dans une seconde goulotte avoisinante, « Le Bloc Coincé », un grand classique du coin qui est habituellement bondé (du genre plusieurs dizaine de cordées), mais aujourd’hui, aussi bizarre que cela puisse être, nous ne voyons personne ! Le moins qu’on puisse dire c’est que l’itinéraire est esthétique, il se déroule au fond d’un couloir encaissé et se fraye un chemin astucieux.
Après une première longueur assez facile, nous arrivons au pied du fameux bloc coincé ; je me glisse en dessous et entre dans une étroite cavité que l’on doit remonter. C’est raide, mais on peut s’aider du sac à dos en l’appuyant contre le mur opposé. J’arrive à un embranchement, à gauche un couloir étroit et rempli de neige, à droite un raide mur qui sort directement de la caverne, je décide de m’engager à droite, ça grimpe ! C’est plus dur que ce qui est annoncé pour sûr, je suis face à un mur lisse avec peu de solution pour placer les pointes. Je me fais violence et arrive au relais, plein gaz et difficilement accessible, j’ai dû me contorsionner pour mousquetonner en évitant de tomber. Geof me suis et me cri d’en bas « Mec tu t’es trompé, ça passait à gauche ! » A ba oui, ceci explique cela. Bon ce n’est pas grave, on peut rejoindre le bon itinéraire d’où je suis ; Geof me rejoins non sans difficulté et nous continuons au prochain relais par une pente de neige débutant par un petit ressaut rocheux.
Le vent s’engouffre de plus en plus dans notre couloir et fait voler la neige tout autour de nous, mes lunettes givres je dois les enlever, on n’y voit rien ! Je ne traine pas et me dirige vers l’avant dernier relais. Le vent accumule de la neige dans le dessus du couloir et quand je me demande à quel point ça tient, une plaque de 20cm part 3 mètres au-dessus de moi et me tombe dessus. Je m’agrippe fortement à mes appuis et laisse la neige couler autour de moi. J’atteins peu de temps après le relais sans plus d’encombre. Geof me rejoint, il est fatigué, il a froid et a déjà fait la goulotte, je suis ainsi le seul a finir le dernier ressaut rocher en dry (grimpe en crampons / piolets sur rocher) qui nous reste et descend illico pour entamer les rappels qui nous ramènerons à notre point de départ.
On se sera bien fait martyriser par la neige et le vent, on a la tête pleine de givre, mais ce n’est pas tous les jours qu’on peut monter cette goulotte en bonnes conditions (suffisamment de glace, neige consistante etc…) sans faire la queue ! Deux belles ascensions dans une ambiance hivernale en somme.
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